Sa mort ébranla tout le régime au Burkina Faso. Bien que sa voix ait été réduite au silence, son esprit est devenu la flamme qui a déclenché la lutte contre la corruption, le crime et les violations des droits humains.

L’après-midi du 13 décembre 1998, un véhicule a été retrouvé en flammes dans le sud du Burkina Faso, un Land Cruiser Toyota 4 × 4 noir. Quatre hommes ont été abattus puis brûlés.

Le corps de Norbert Zongo était le seul qui se trouvait à côté de la voiture et pas à l’intérieur. Le directeur de l’hebdomadaire le plus lu, L’Indépendant, avait été tué. Il avait été une figure forte de l’opposition au régime de Blaise Compaoré, réputé pour dénoncer les pratiques autoritaires et les transactions opaques, touchant le cercle restreint de Compaoré.

L’affaire qui lui aurait coûté la vie impliquait le frère du président, François Compaoré, et la mort de son ancien conducteur, David Ouedraogo, dans des circonstances douteuses et arbitraires cinq jours après son incarcération.

La mobilisation sans précédent a secoué le régime jusqu’à ses os. Des manifestations et des grèves ont suivi le lever du soleil suivant la découverte de la mort de Zongo. La pression a provoqué la création d’une commission d’enquête qui a échoué – jusqu’à aujourd’hui – à trouver quelqu’un responsable.

Qui a tiré la gâchette cet après-midi, est encore inconnu. Qui leur a demandé de tirer n’a pas encore été prouvé. Mais ce fut le début de la fin pour le régime de Compaoré qui s’est terminé plus tard en 2014 après une révolution civile.